Peux-tu te présenter brièvement et donner les motifs de ta
présence en Afrique, d’une manière particulière à Kara au Togo ?
Anna : Je m’appelle Anna, je viens de l’Autriche et j’ai 19
ans. J’habite avec mon père, ma mère et mes deux frères de 17 ans et 5 ans. J’ai réussi à mon bac l’année passée et maintenant je suis là pour un volontariat d’une année. Je suis heureuse d’être
ici et je fais déjà une bonne expérience.
Concernant les motifs de la présence en Afrique.
Je ne sais pas pourquoi l’Afrique mais je sais que quand j’avais 12 ans ou 13 ans je m’intéressais à l’Afrique. Ma mère a une amie
avec qui elle est liée et quand j’avais 6 ans notre voisine était une africaine et donc c’est de cette manière que nous avons fait très tôt la
connaissance d'un petit coin d’Afrique. Et aussi la musique africaine me plait. L’année passé j’ai rencontré l’organisation VIDES et je voulais faire cette expérience car j’ai une amie qui a déjà
été en Equateur et je voulais moi aussi faire l’expérience, mais moi j’ai choisi l’Afrique. Je veux faire une expérience diverse de celle que je vis pour pouvoir me décider car je ne sais pas
encore quoi faire après le bac, je veux donc prendre un peu de temps pour réfléchir.
J’ai désiré aller en Afrique de l’ouest (mais pas précisément au Togo) car je connais une personne au Ghana. Notre destination était
le Gabon mais l’organisation VIDES a du changer pour le Togo à cause du fait que la situation au Gabon ne se prêtait pas pour y aller et comme cela
je me retrouve comme je voulais en Afrique de l’Ouest. J’ai toujours lié l’Afrique au Djembé et je suis contente d’y être et de goûter à cette musique.
Hanna : Je m’appelle Hanna, je viens de l’Autriche, j’ai 19
ans et j’ai décidé de venir en Afrique pour une année de volontariat.
Je ne suis pas contente avec la société de consommation d’Autriche et je voulais faire connaissance d’une autre réalité pour pouvoir
m’orienter dans ma vie.
Comme j’aime travailler avec les enfants, j’ai décidé de faire cette année de volontariat et le choix du Togo est par chance, car ma
destination était le Gabon et c’est un don de Dieu que je sois ici et je me sens utile, je fais une bonne expérience.
Que fais tu concrètement comme activités ?
Anna : Au centre professionnel Foyer «Jean XXIII »,
chez les Sœurs Salésiennes de Kara, où nous avons été accueillies, je dispense des cours d’anglais tous les lundi. Mes élèves sont plus âgés que moi mais je fais une bonne expérience avec eux.
Ensuite du mardi au vendredi je suis au centre ENVOL, un centre d’éducation pour des handicapés physiques et mentaux. J’ai un groupe de 8 enfants dont l’âge varie entre 5 et 8ans. Le samedi matin
je fais un peu d’assistance au foyer Immaculée, foyer des filles de la rue. Les après midi du mercredi et du samedi je suis à l’oratorio avec les enfants pour le bricolage et avec les jeunes pour
la guitare.
Hanna : Les matins je suis au foyer des salésiens avec les
garçons de la rue. Je leur apprends à lire et à écrire, à faire des calculs et quelques après-midi j’organise des jeux avec eux pour le temps libre. Les mercredis et samedis après-midi je suis
animatrice de flute et de bricolage à l’oratoire chez les Sœurs.
Après un certain temps d’expérience, qu’elle est ton impression sur la
réalité d’ici, qu’est ce que tu penses de ta présence et quelles sont les difficultés que tu rencontres ?
Anna : La vie d’ici n’est pas plus facile et n’est pas plus
difficile non plus mais c’est seulement différent. Les gens sont différents, la culture aussi, le temps. Il y a la pression très forte chez nous et ici on prend tout son temps. Ce sont deux
extrêmes. A mon retour je devrais prendre beaucoup de temps pour réfléchir et retrouver ma place dans notre société. Ici on n’a pas le temps de penser à des sujets futiles, la réalité ici est
assez forte pour penser à des sujets comme la vie des stars, ce qui est le cas par exemple chez nous.
Je me sens très bien. Je crois que j’ai une bonne relation avec les autres j’espère que les autres profitent comme moi dans cette
nouvelle expérience. Je me sens bien mais devant quelques situations je suis un peu révoltée et je me demande ce que je fais ici et j’ai eu même l’idée de rentrer. Il y a quelques moments
difficiles mais généralement je me sens très bien ici.
Il y a des situations très différentes aux nôtres. Il y a généralement une différence de culture et quand je prends par exemple la
position de la femme pour moi c’est très difficile. Je suis une féministe. C’est quelquefois difficile échanger avec les filles, les femmes d’ici parce qu’elles sont âgées et pourtant elles ne le
démontrent pas pendant la conversation. Devant certaines situations je me sens impuissante. Cela me fait tout de même du bien de pouvoir partager avec mon amie Hanna et aussi avec les Sœurs de la
communauté.
Hanna : La vie est très intensive. On vit chaque jour et non
dans l’avenir comme chez nous. Il faut vivre maintenant, on est confronté à beaucoup de difficultés et alors il faut vivre intensément le présent. On a beaucoup de temps et tout est plus lent que
chez nous, il y a la joie dans la rue, on danse, on chante. La vie est très simple, les gens n’ont pas trop de moyens mais ils ont la joie de vivre. Chez nous par contre, beaucoup de gens ont
l’argent mais ils ont perdu la joie et les valeurs comme le sens de la communauté.
Il y a certaines attitudes et expressions qui ne me plaisent pas. Par exemple, certaines personnes en me voyant disent que je suis
blanche et donc je suis riche mais moi j’aimerai que les gens sachent que je suis ici pour autre chose, pour donner mon amour et mon temps, c’est un grand cadeau de donner, de donner son temps.
Certaines filles et jeunes que nous côtoyons n’ont pas la possibilité de voyager mais à travers nous elles peuvent connaître d’autres réalités à travers ce que nous leur racontons.
Un message à l’égard des jeunes qui hésitent à se lancer dans le volontariat
et un dernier mot.
Anna : Je leur demande d’être très ouvert car il y a des
situations où on n’a pas de contrôle et chaque jour est si différent et il faut apprendre à être spontané. Il ne faut pas qu’ils hésitent ; ils doivent vouloir et aimer la mission qui les
attend.
Merci pour chaque situation qui m’a fait grandir même si quelquefois j’ai rencontré des difficultés. Je profite de chaque situation et
je veux dire merci parce que devant quelque situation difficile j'apprend... oui, j'apprend. J’espère que j’ai donné et que je
suis en train de donner le meilleur de moi même pour un profit réciproque.
Hanna : Il faut vraiment bien réfléchir car ce n’est pas une
petite chose, ce sont deux mondes très différents, pour moi c’est Dieu qui m’a envoyé ici. C’est un cadeau pour la vie. Il faut avoir beaucoup de courage pour affronter la réalité car la pauvreté
est quelquefois difficile à comprendre.
Je crois que c’est un peu difficile de travailler avec nous car nous avons une autre éducation, des manières de faire mais on nous
laisse tout de même la place pour nous exprimer et travailler suivant notre modalité. Merci aussi du fait que je peux partager un peu de ma vie avec les filles. Une bonne expérience de vivre dans
une communauté salésienne, c’est une bonne expérience, c’est un enrichissement de voir des personnes qui donnent toute leur vie pour Dieu, moi je donne un an et vous vous donnez toute la vie, je
remercie la communauté.